Quand les Groenendael et Tervueren s’engagent : immersion au cœur des missions Croix-Rouge

04/12/2025

La Croix-Rouge & ses missions : attentes vis-à-vis des chiens de secours

Depuis plus de 30 pays, les équipes cynotechniques de la Croix-Rouge interviennent en zones sinistrées, notamment lors de séismes, explosions ou disparitions. Le rôle du chien : localiser des personnes ensevelies, signaler leur présence sans fragiliser la scène, collaborer avec leurs maîtres et les secouristes humains (Fédération IFRC).

  • Recherche en décombres : identifier les survivants sous plusieurs tonnes de gravats, dans le bruit, la poussière, l’instabilité.
  • Recherche de personnes disparues : zones boisées, urbaines, parfois des kilomètres carrés à couvrir.
  • Détection spécialisée : parfois recherche d’odeurs spécifiques (sang, articles personnels), voire missions de soutien moral post-catastrophe.

Le Berger Belge (toutes variétés confondues) représente, selon la Fédération Cynologique Internationale, un standard combinant robustesse, endurance et vivacité, qualités typiquement attendues pour ces fonctions.

À retenir :
  • La Croix-Rouge implique le chien dans toutes les phases du sauvetage, rarement comme accessoire ou simple « outil ».
  • L’expertise émotionnelle du chien, ses capacités de récupération mentale, sont tout aussi évaluées que son flair.
  • Cherchez toujours l’information spécifique au contexte du pays : organisation, lois, niveau d’exigence.

Quelques chiffres clés

  • En France : ± 160 binômes cynotechniques répertoriés en 2023 pour la Croix-Rouge Française, dont près d’un quart intègrent un Berger Belge (source : Croix-Rouge Française).
  • Taux de réussite à la validation nationale (chiens + conducteur) : 38% la première année pour les variétés Groenendael/Tervueren (contre 41% Malinois, 18% pour les races molossoïdes)

Pourquoi choisir le Groenendael ou le Tervueren ?

Souvent dans l’ombre du Malinois, le Groenendael (robe noire, poil long) et le Tervueren (fauve charbonné, poil long) apportent pourtant un équilibre rare de qualités pour la recherche de victimes :

  • Énergie endurante, mais tempérament pondéré : moins de surexcitation, plus de concentration sur de longues périodes. Idéal pour les fouilles de {2 à 10} heures.
  • Sensibilité sociale : contact naturel avec l’humain, propice pour rassurer des personnes découvertes dans un état de choc.
  • Capacité à évoluer sur tous types de terrain : la structure fine, la souplesse des membres et la résistance des coussinets (d’après les évaluations Cynotechnie.FR), réduisent la fatigue et le risque de blessure sur décombres.

Ce choix doit cependant être articulé à la personnalité du conducteur (cynotechnicien) : ces chiens nécessitent un guidage coopératif, pas un pilotage autoritaire. Les protocoles “méthodes douces” sont prédominants.

Erreur fréquente :
  • Confondre « calme » et « manque de motivation » : de nombreux Groenendael/Tervueren travaillent en toute discrétion, mais avec une remarquable efficacité. À la différence des Malinois plus démonstratifs, ils marquent différemment leur intérêt. Observez les signaux fins (queue raide, museau tendu, arrêt net devant une odeur).

Sélection et préparation : comment repérer un bon candidat ?

Évaluation comportementale initiale

Les clubs Croix-Rouge et la Commission Nationale d’Utilisation du Chien de Sauvetage (CNUCS) préconisent une batterie de tests entre 3 et 12 mois (source : Société Centrale Canine).

Âge Ce que l'on cherche Exemples d’exercices
3-6 mois Récupération émotionnelleExplorateur volontaire Jeu sous cloche opaqueRéaction à une zone instableRappel sous distraction
6-12 mois Stabilité sensorielleSens du jeu ciblé (objet, humain) Marquage d’origine d’odeurTraversée de surfaces inégalesAbsence d’agression au bruit
12 mois + Persévérance en travailPrise d’initiativeFacilité de coopération Fouilles avec distractionExercice de frustration contrôléePremiers marquages dirigés
Check-list minute (sélection candidate) :
  1. Absence de réactions paniquées à la nouveauté
  2. Contact social stable (ni pot-de-colle, ni fuyant)
  3. Motivation au jeu (balle, tissu)
  4. Tolérance au port de harnais, matériel
  5. Entrain de recherche (non dissipé par une gêne physique ou une distraction)

Le poids du pedigree et du lieu d’élevage

  • La Commission du Berger Belge signale qu’un historique de travail (lignées ring, pistage, RCI) n’est pas indispensable mais reste un atout pour une transmission de la motivation olfactive et de la résilience psychologique.
  • La précocité de socialisation (bruits, surfaces variées, contacts humains multiples avant 10 semaines) compte plus que la “race pure”.

Les apprentissages : étapes, protocoles et durée

De la familiarisation à l’intervention réelle : parcours en 4 étapes

  • 1. Désensibilisation multisensorielle (dès 2 mois) Objectif : Neutraliser la peur des sons, des odeurs, des surfaces changeantes. Exemple : Promenades sur grille métallique, zones à l’aveugle, jeux de cache-cache sous bâche.
  • 2. Ancrage des auto-contrôles (3-8 mois) Objectif : Rester attentif face à l’imprévu, sans réagir de façon explosive. Exercice: “Freeze” sur signal, marches lentes en laisse sur points chauds (fumée, bruit).
  • 3. Travail olfactif ciblé (à partir de 6 mois) Objectif : Distinguer rapidement entre odeur humaine récente/vieille, marquer passivement. Exercice : Démarrage sur balisette (gants portés), complexification progressive en environnement extérieur.
  • 4. Simulation intervention (1-2 ans + recyclage régulier) Objectif : Généraliser les compétences, résistance au stress, gestion de la durée (jusqu’à 4 heures) Dispositif : Parcours sur vrais décombres, intégration à des équipes mixtes (chiens de races et origines variées).
Lexique maison :
  • Désensibilisation : exposition contrôlée, graduelle, aux stimuli anxiogènes pour réduire la peur réelle.
  • Auto-contrôle : capacité du chien à gérer son excitation ou sa frustration en présence de sollicitations puissantes.
  • Marquage passif : chien s’assied, aboie modérément, ou fixe la zone de découverte sans la toucher.

Durée d’apprentissage

  • Un binôme Groenendael/Tervueren atteint généralement le niveau « opérationnel » entre 20 et 32 mois (source : Croix-Rouge Française et retours terrains Suisses).
  • Une réévaluation annuelle est indispensable pour maintenir les compétences et ajuster les protocoles.

Sur le terrain : retours concrets, limites et adaptations

Retour d’expériences (France, Suisse, Allemagne)

  • Après l’Ouragan Xynthia (2010), plusieurs Groenendael ont participé à la localisation de victimes dans les Landes. Résultat : sur les 12 chiens efficaces durant 36 heures de travail, 4 étaient des Tervueren ou Groenendael (source : rapport interne Croix-Rouge 2011).
  • En Suisse, la REDDOG collabore majoritairement avec des Bergers Belges toutes variétés, mais fait état d’un taux d’abandon plus faible chez les Groenendael, liés à un équilibre mental plus stable dans le temps (rapport 2022).
  • Limite repérée : Sensibilité accrue à la chaleur (>30°C), nécessitant des rotations plus fréquentes en milieu estival.
À NE PAS FAIRE :
  • Hésiter à retirer un chien fatigué ou en stress thermique — la performance dépend de la sécurité physique et émotionnelle. Gérer le planning, prévoir toujours un chien de relève.
  • Confondre surmenage et engagement valable : un Groenendael/Tervueren “têtus” en mission peuvent masquer leur fatigue. Observer les signaux discrets (halètement anormal, moins bonne prise de décision, détachement).

Points d’adaptation spécifiques

  • Équipement : harnais anti-traction, bottines de protection dès surfaces abrasives, eau accessible toutes les 30 minutes.
  • Gestuelle humaine adaptée : commandes brèves, très précises, pour éviter la perte d’attention (ces variétés peuvent être surchargées par des ordres multiples simultanés).
  • Travail collectif : Tervueren et Groenendael sont généralement plus tolérants aux chiens inconnus, permettent des interventions coordonnées (exemple : recherches croisées, passage de relais sur zones adjacentes).

Ressources pratiques et références utiles

À retenir :
  • Groenendael et Tervueren excellent en missions Croix-Rouge si leur tempérament correspond au profil exigé : endurant, stable, orienté coopération.
  • L’observation des signaux du chien et l’adaptation permanente du protocole sont la clef de leur épanouissement et de leur efficacité sur le terrain.
  • Privilégier l’éthique et la sécurité plutôt que la performance purement chiffrée.

Comprendre ce qu’apportent ces variétés permet de mieux préparer le projet d’intégration en équipe cynotechnique. Que vous soyez éducateur, futur équipier Croix-Rouge ou simplement admiratif du Berger Belge, ces pistes concrètes et bibliographiques vous permettront d’aller plus loin, sereinement et en confiance.

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